Quelque part au Kimavu...

A proximité d'une foule éparse et clairsemée, les jeunes des villages alentours de la ville de Ch'ui Caché pouvaient entendre un homme s'égosiller


Moi,

l'unique et l'implacable Sébé Déconi Ogooué du fief de Kimavu

remettra bientôt au cœur du Bangana la force nécessaire pour que le pays retrouve l'indépendance perdue dans les méandres de Bombasha.

Sus aux girafes de pacotilles!

Une petite jeep surmontée d'un drapeau gouvernemental ne tarda pas à faire irruption sur la place du bourg. Plusieurs militaires encadraient Bienvenu-Aimé-César Houssé Saladié, chef de l'Etat et gouverneur de Deux Fleuves, un peu plus au sud.

"Sois salué, Sébé Déconi Ogooué, grand Unique et Implacable du fief de Kimavu, dans la glorieuse terre koussa !

Un Koussa de plus actif dans le pays, c'est la garantie d'un Etat fort et puissant, et la mise hors d'état de nuire des parasites koussi du nord, déjà bien affaiblis par la sénilité de M'Butu et la maladie mentale de Kataka N'Gulu Gulu !

Je lève ma corne de rhinocéros remplie de bière à ta santé, unique et implacable Ogooué !

Longue vie au Kimavu, longue vie aux Koussa, vie éternelle au Bangana Indépendant et Populaire !"

Rapidement, les enfant qui se fichaient bien des propos tenus par Sébé accouraient pour voir qui dirigeait ce convoi de jeeps. Quelle ne fut pas leur surprise, quand ils s'aperçurent que le Grand Saladié en personne avait fait route jusqu'au Kimavu. Sébé s'empressa d'aller à la rencontre du convoi.

O Grand Saladié,

la vitalité des Koussa rejaillira bientôt sur nos contrées et très vite les rues de Bombasha chanteront nos glorieuses victoires.

Les quelques hommes de main de Sébé tirèrent plusieurs cartouches en l'air pour afficher leurs ambitions!

Satisfait, Bienvenu-Aimé-César remonta dans sa jeep et démarra en trombe, laissant quelques bonbons aux enfants et un épais nuage de poussière aux autres, qui n'en demandaient pas tant.

Mais la route de l'est, qui traversait le territoire encore hostile de Mapavu et gagnait le Plateau pour descendre sur Bombasha, était fermée. Le Sénateur Dudu avait repris possession de ses esprits et rameuté les quelques gorilles qui lui servaient de garde républicaine. La capitale était condamnée, fermée à double tour, appelée à dépérir entre les mains du Fada Dudu. Plus aucun Koussi ni Koussa habitant les faubourgs ne se risquait à se rendre sur l'île centrale, de crainte des accès de folie du Sénateur. Les mines de cradium n'allaient donc pas fonctionner. Coup dur pour le pays, coup dur pour l'économie et pour le coffre fort d'Ousskoné.
En effet, l'argent amassé à Bombasha pendant trois semaines s'était volatilisé, confisqué par Papa Dudu, qui l'avait probablement refourgué à une banque étrangère ou à l'une de ses maîtresses...

Houssé Saladié entra dans une rage incontrôlable et ordonna à son chauffeur de faire route vers le nord, vers Zambizar pour convaincre N'Gulu Gulu de se joindre à sa cause.
Se souvenant du comportement de ce dernier, il changea d'avis et revint vers Ousskoné, serrant les dents à se déchausser la mâchoire.

Kataka avait appris, par les tambours de la brousse, qu'un nouveau Koussa s'était réveillé quelque part à l'ouest de Bombasha. Il lui adressa donc la déclaration suivante:


"A l'attention de ce Sébé Déconi Ogooué,

Cachez-vous! Trembez! Car le Grand Sorcierissime Kataka N'Gulu Gulu vous conchie! Vous mourrez dans les cuisses de vos obèses concubines, moches comme tout, parce que toutes les Koussa sont moches!

La seule façon d'en réchapper: soumettez-vous à la toute-puissance du Maître des Zèbrahus! Obéissez, vil rognure d'ongle de babouin!"

Sébé regardait s'ébrouer ses troupes. En réalité, ses hommes de main étaient tout à la fois mineurs et soldats, faute de main d’œuvre disponible. Les raids effectués sur les régions voisines n'avaient pas donné grand chose, faute d'armements appropriés. Même si le Kimavu de Sébé constituait un pôle dominateur sur une partie partie des territoires environnants, les mouvements rebelles autochtones pullulaient. L'arrivée au pouvoir des Koussi engendrait de nombreux atermoiements partout dans le Bangana et plus particulièrement à l'Ouest, espace éloigné de la capitale Bombasha comme le Kanga ou le Bomou. De plus, les récentes batailles pour le contrôle de celle-ci avaient affaibli les troupes du Kimavu. Il fallait donc recruter sous peine de tomber sous la menace d'autres puissances régionales confédérées...

Sébé réunit son état-major et se lança dans une diatribe dont seul le Grand Sébé était capable.

"hummmmmmmmmmmmmmmmm hummmmmmmmmmmmmmmmm
Asseyez-vous nom d'une pipe à chameau au premier rang...oui Berna-Dette-Française également !

Mon peuple, mon très cher peuple,

je serais court - mes femmes me disent souvent ça je ne comprends pas ! - je serais bref, j'ai besoin de plus d'argent car mon ambition est grande. J'ai des vues sur la province du Kanga. En maitrisant les liaisons routières avec la frontière pryanne, je serai en mesure d'assurer mes arrières. Je ferais tout pour punir ces fils de traitre sans nom de Kangalais et les mettrais au pas comme je vous ai mis au pa...pardon, non rien oubliez.

Donc que ma garde prétorienne se tienne prête. L'offensive inattendue permettra au Grand Sébé de voir grand, très grand !

Berna-Dette-Grecque...non pas vous Berna-Dette-Française...vous avez pris note.

Bien qu'on se le tienne pour dit, camarades !"

Touche au Kanga, cousin dégénéré, et je ne ferai qu'une bouchée de ton Kimavu !

Quels sont tes intérêts là-bas Saladié dis moi ? car tout s'achète sais-tu, trublion patenté va !

Messieurs, l'unité nationale... nom de nom...

Le Grand Toulaba s'exprimait depuis la radio locale Bokoudo FM.

Moi, T. Ph. Toulaba, je dis :
Que je soutiens Auxèse Sékissa pour l'unité de la grande patrie du Bangana. Que les "leaders" Koussa ne sont que des petites têtes sans cervelle qui n'ont pour ambition que de remplir leur coffre et de spolier nos humbles travailleurs. Ils se tapent dessus au lieu de travailler pour le pays, ce qui montre bien que vous auriez du voter pour moi aux dernières élections !

Mes frères, fidèles toulabistes, méfions-nous du vil koussa séparatiste. Enfin tant que ces idiots se tapent dessus, il ne sont pas occupés à nous voler !