Province du Kimavu

Ici, venez entendre l'homme que l'on nomme Porte-Voix et qui vous sonnera pour le bien de vos esgourdes


Voyez ici l'inestimable demeure du grand Sébé, immense intellectuel et militaire éclairé devant les Saints du Kimavu. Au premier plan, une chambre d'hôte où l'unique Sébé vient écouter les actualités du Bangana.



toute l'actualité Kidiratou du Kimavu en direct à peine différé grâce à l'opérateur Brou'Y'é, le roi de la bricole et de la récup' de transistor.


(à suivre)

La Province du Kimavu est fière de vous annoncer l'ouverture après défrichage d'une piste pour le développement du commerce. Voilà un investissement particulièrement intéressant qui entre dans l'Histoire !

On a pu apercevoir au Kimavu des camps d'entrainement rudimentaires pour des miliciens en manque de sport. L'objectif est bien entendu de lutter contre l'obésité grandissante apportée par les voisins Pryans, ces vils va-nu-pieds !

La Province du Kimavu vient de financer la création d'une piste désormais praticable pour les véhicules motorisés reliant la capitale de Ch'ui Caché à la frontière pryanne le long de la ligne de séparation des ethnies Koussi et Koussa. Les travaux ont duré six mois et ont tuéééé...et ont nécessité 250 ouvriers ! Le passage sur cette route est soumis au paiement d'un taxe de 5£B par véhicules motorisés. La rentabilité de cette infrastructure est évaluée à 250 ans ! Bigre !

Le Grand Sébé était venu superviser en personne la cargaison de ces précieuses fèves. Il prit le temps de demander au préalable à l'un de ses agronomes scientifiques dont il se méfiait tant, de quelles fèves il s'agissait. Au froncement de sourcils du grand Sébé, l'agronome en chef crut voir sa vie déjà défiler devant ses yeux. Il masqua difficilement son malaise mais parvint à attendrir l'homme de poigne en lui faisant croquer quelques spécimens fraichement arrivés. Pas fou le Sébé choisit un homme au hasard dans le hangar pour qu'il goûte à sa place. Un freluquet s'avança et goba la fève. L'agronome prit de panique poussa un cri "Pa kouam sa, fo pas". Le freluquet recracha et voulut régler son compte à l'agronome. Trois secondes d'amusement pour Sébé qui coupa court à cette ennuyeuse scène.

- Bien, bien, marmonna-t-il. Donc cette chose qui pousse naturellement dans la région fait du chocolat.
- Tout à fait, Excellence, s'empressa de poursuivre l'agronome. Sébé aimait la flatterie, surtout quand on en abusait. Le chocolat pourrait nous permettre de toucher le marché krasslandais. Ces derniers en raffolent en dégustation avec leur "Gloubi-Boulkrass selon St-Krassimir" ou en boisson avec la "Krassbier aux extraits de Krasswurst".
- Bien, bien. Et ça rapporte ça ?
- Ce sera toujours mieux que de taxer une route sans passage !
- Vous vous foutez de ma gueule l'agronome ?!!!!!!!!!!

L'agronome revit une nouvelle fois sa vie défiler et se rendit compte que ce n'était pas l'exacte reproduction d'il y a 5 minutes. Etonnant !

- Mais vous n'avez pas tort, l'agronome, finit pat admettre l'omnipotent. Développez-moi cette filière et voyons ce que nous pouvons en faire. De toute façon, il faut que j'aille annoncer la sédition du Kimavu. Marre de se trainer le derche derrière ces fils de chien de Bombasha dont l'inutilité n'est plus à prouver.




Sébé prit alors congé et son convoi s'en retourna à Ch'ui Caché où il devait tenir un discours devant un public obligé d'assister venu assister en masse à son appel.

Sur la place centrale de la capitale Ch'ui Caché, Sébé n'était pas peu fier de la foule qui s'était réunie et qui attendait son discours. Le chef local chercha les quelques feuilles sur lesquelles son porte-parole lui avait griffonné les phrases à déclamer. Diantre, il ne parvenait plus à mettre la main dessus. Pour ne pas perdre la face, Sébé fit des grands sourires à la foule interrogative, qui, sous l'effet des miliciens judicieusement positionnés dans chaque rang pour faire la clappe, commença à encourager le grand Sébé. L'improvisation n'était pas son exercice préféré, il choisit de la jouer comme Beckham brossé et dans la lucarne, enfin juste au dessus en général.




- Cher peuple du Kimavu, vous me connaissez, vous avez fait ma fortune, vous m'avez fait devenir celui que je suis aujourd'hui. Je veux vous rendre ce que vous m'avez donné, mais reprendre, c'est volé, alors je préfère le conserver.  (Ce passage improvisé démontra tous les talents d'orateur du Grand Sébé). Devant l'inactivité chronique de Bombasha et ses pseudo-ministres, le temps est venu de prendre notre destin en main. Amis du Kimavu, ne vous cachez plus, et récupérons ensemble la liberté que nos vils ancêtres ont un jour lâchement abandonné. Moi, grand Sébé, je déclare la sécession nette et sans bavure de la province du Kimavu, et de là même l'annexion des zones désertées du Kanga et de la Lisière. Vive le Kimavu ! A bas le Bangana inerte livré aux mécréants, aux spoliateurs et aux pacificateurs, des pommes pourries dans notre oasis de vertus !  

Finissant sous une salve nourri d'applaudissements, le Grand Sébé prit un bain de foule avant d'aller débriefer son discours avec son équipe de communicants, un peu palots pour le climat local mais grassement rémunérés.

Sébé toisa du regard l'émissaire Koussa en provenance du Yamaté Supérieur. Après une longue minute d'un silence étourdissant à faire saigner les mamelles d'un gnou, Sébé visage fermé, ne put réfréner son agacement et s'exclama :

- Alors, il a déjà la langue coupée celui-là ? Qu'il parle ou je le fais taire à jamais ce girafon égaré !

Kitemona Minu ne s'attendait pas à meilleur accueil. Les deux hommes sont certes de la même ethnie (EL : je ne me trompe pas ?) mais leurs intérêts sont pour le moment divergents. L'émissaire va devoir faire preuve d'obséquiosité et de persuasion sinon il risque bien de finir dans l'estomac d'un crocodile.

"Mes hommages votre Excellence." il s'incline de façon excessive pour ne pas dire grotesque.
"Le très honorable Awanjo Koboro, Grand Administrateur de l'Etat du Yamate Supérieur, vous transmet ses félicitations pour votre glorieuse ascension à la tête du Kanga, du Kimavu et de la Lisière. Le très honorable Awanjo Koboro, souhaite vous offrir ce présent en gage de sa bonne volonté en vue d'établir une relation respectueuse et constructive entre vos deux personnes." il tend une boîte en bois contenant plusieurs pierres précieuses.
"Par ailleurs, celui-ci souhaite connaître l'ambition que Votre Excellence c'est donné."

- Le Grand Sébé n'a pas à dévoiler ses ambitions, l'ami, si modestes soient-elles. Sébé n'a pas non plus pour habitude d'accepter les cadeaux, mais ces pierres précieuses pourraient m'être...précieuses (éclat de rire tonitruant mais furtif). Croquez donc quelques fèves de cacao fier Koussa et qu'on apporte un peu de thé du Mnibet, les gorges ont tendance à se dessécher rapidement par cette chaleur. Je ne voudrais ressembler à ces chiens errants dont la langue pendue pourrait servir d'accrobranche à quelques cous !

Devant l'air faussement poli de ce jeune Koussa, Sébé restait sceptique. Après tout la province du Yamaté Supérieur était d'une pauvreté connue de tous au Bangana, et ce n'est pas trois semaines d'activité qui pouvaient changer la donne face à d'autres régions développées depuis des années maintenant.

- Et bien jeune girafon, tout ce chemin pour cela, tu me déçois. Et par ton entremise, c'est ta province qui me déçoit.

Un homme de main intervint d'un signe discret pour attirer l'attention. Sébé ne le vit pas et continua à savourer sa boissons chaude. L'homme toussota. Sébé n'entendit rien et continua à s'écouter penser. L'homme osa  un

-Grand Sébé, puis-je vous remettre cette missive ?

Sébé sortit de ses rêveries et prit le pli pour y déchiffrer le message rapporté. Une esquisse de sourire parcourut son visage le temps d'une demi-seconde.

- Jeune girafon, profitez un peu des plaisirs de Ch'ui Caché avant de quitter le Kimavu, je ne voudrais pas que vous vous soyez déplacé de si loin pour rien. En tant que Koussa, vous êtes ici chez vous. Heureusement, au passage que vous n'êtes pas Koussi, car sinon couic. Vaut mieux éviter d'échanger avec ces gens là, ce sont de viles méduses qui vous enserrent de leurs tentacules pour mieux vous traficoter l'arrière-train !

Sébé se leva, huma l'atmosphère d'une profonde inspiration avant de quitter la case et de grimper dans sa jeep postée à quelques pas de la porte. Le véhicule souleva un nuage de poussières avant de s'engager dans les ruelles attenantes.