Entrevue avec le nouveau président élu

Des huissiers se présentèrent à l'homme d'affaires en le conviant à les suivre vers un salon de réception.
On lui fit savoir que le président allait bientôt le recevoir, trop occupé à ranger son bureau.
Quelques apéritifs et du champagne étaient disposés sur une table base.
Après une demi-heure d'attente, un des huissiers ouvrit la porte.


Driss se rapprocha d'Alfred Boneimar en lui tendant amicalement la main :

- Comment allez vous très cher ami ?

Le Francovar salua chaleureusement le nouveau Président.
Cela sentait les bonnes affaires.

- A merveille monsieur le Président, je vous remercie de votre invitation je suis persuadé que nous allons pouvoir discuter d'affaires florissantes. De quoi réussir votre mandat et vous faire réélire !

Il ria. 

Charmé par la bonhomie naturelle du trafiquant, le Président répondit :

- Vous allez vite en besogne ! Je viens à peine de commencer mon mandat. Je me réjouis de voir que vous avez la conscience des intérêts communs. Excusez moi du retard, je devais mettre en place quelques décisions d'utilité publique...  Nos services de renseignements sont mal organisées mais efficaces.

Il ouvrit une chemise de laquelle il sortit une fiche de renseignements. Sur la couverture de la chemise étaient inscrits au feutre noir les caractères BONEIMAR.

- J'ai ici en main un rapport témoignant de vos activités sur le sol banganais. J'admire votre sens du business.
Drogue, prostitution, armes, avec vous l'argent n'a pas d'odeur. Ca tombe bien, on est sur la même longueur d'ondes. Je suis la première fortune de ce pays et je compte bien le rester. Voyez vous, je détiens même plus d'argent que le trésor public !

Driss se mit à rire.

- Voici ce que je vous propose. Je vous donne la nationalité banganaise avec le passeport qui va avec.
Il y aura quelques privatisations d'entreprises publiques, je vous inviterai en temps voulu à participer aux appels d'offre et je me chargerai ensuite de retenir votre candidature.
En échange, j'aimerais que vos hommes de main se mettent à mon service pour se salir les mains à ma place. J'ai trop à cœur mon image pour ne pas ordonner sous ma signature des manœuvres de basse besogne mais j'ai d'éventuelles contestations à tenir et à réprimer. Ensuite, j'aimerais que vous soyez mon ambassadeur officieux en Francovie dans un premier temps et ailleurs si possible dans un second temps.

Laissant son interlocuteur le temps de réfléchir, il but une gorgée de champagne avant de poursuivre :

- J'ai une question au sujet de vos activités à l'international. Parlez moi des pays où il est plus simple de trouver des débouchés commerciaux? Connaissez vous des investisseurs internationaux susceptibles de venir sur notre sol et alimenter notre économie ?
J'ai un projet consistant à généraliser l'implantation de la Banque du Continent Sud dans les pays limitrophes. Si vous pouviez corrompre pour moi quelques responsables économiques ce serait d'une grande utilité.

Croisant ses jambes, le Président se montra détendu et d'une voix tranquille, demanda :

- Vous êtes Francovare me semble t'il ? Quelle est la situation actuelle ?

Boneimar apprécia la proposition du Président banganais.
Les derniers temps avaient été rude pour lui. Alors que son buisness s'était developpé assez facilement, il avait eu un coup d'arret quand son camp principal avait été attaqué par les autorités de l'époque.
Mais cela était le passé et aujourd'hui le Président lui proposait ce que Boneimar recherchait depuis longtemps : les grandes entreprises publiques banganaises.
Ces dernieres dominaient chacune leur secteur et c'est avec elles que l'on peut faire les gros sous ici.

- C'est avec grande joie que je participerais avec vous au développement des entreprises publiques banganaises. C'est un honneur également d'accepter de devenir banganais. N'hesitez pas à me demander des services si vous en avez besoin, vous ou votre gouvernement. Quelque soit le service en question ...

Il souria d'un air froid.




- Mes ... activités m'ont permis d'avoir un réseau international. Je peux donc le mettre à votre disposition. Au niveau du commerce vous n'avez pas beaucoup de chance car vos voisins ne sont pas très ouverts. Pirée notamment refusera tout commerce avec vous, illégal ou non. Ils étaient sur le point d'annexer le Bangana avant d'y renoncer sur pression internationale et n'apprécie pas trop les gouvernements successifs de Bombasha. 
Ostaria est un peu plus ouvert avec vous mais uniquement sur le commerce légal, ils surveillent beaucoup le commerce illégal, j'en sais quelque chose.
Prya également est assez neutre et accepterait des relations économiques officielles.
Pour la Francovie et Mezenas par contre je pense que "tout commerce" est possible avec eux.
Vous comptez vous lancer sur EcoMicro ? 

L'interrogeant sur ce qui se passait en Francovie, Boneimar venait d'avoir des informations pour le Président

- En Francovie, le gouvernement jallaniste vient de tomber. Les vainqueurs sont les clans, des institutions historiques locales qui en profite pour avoir depuis maintenant de nombreuses années une puissance au niveau national. Le nouveau régime quelqu'il soit sera très certainement favorable au Bangana comme les précédents. 

Il semblait un peu décu.

- J'avais mes marques avec les jallanistes mais ce n'est pas grave s'il y a bien des gens corruptibles avec les krasslandais, ce sont les clans francovars.

Satisfait que son interlocuteur soit coopératif, le Président poursuivit :

- Bien entendu, il est hors de question d'avoir un lien quelconque avec Pirée. Ils nous détestent, on les déteste. Cette confédération bouseuse a bien fait de retenir ses élans de grandeurs.
Je souhaite volontiers que mon pays rejoigne EcoMicro mais je dois d'abord convaincre la population, habituée à échanger ses lyass avec peu d'attention.

Songeur, Driss émettait des hypothèses :

Peut être l'idée que seule la Banque du Continent Sud rejoigne EcoMicro ainsi que les agents économiques serait une idée. Limiter EcoMicro à une interface sur l'étranger....

Le Président se leva, se dirigea vers une fenêtre et de dos, observant l'horizon, fit une proposition d'une voix discrète :

A l'occasion, faîtes moi penser à faire de vous le gestionnaire de ma fortune à l'international, avec pour mandat de créer un compte offshore à mon nom.

Amusé, le chef de l'Etat entreprit de discuter des sujets tabous. Comme une volonté de transgression, pour se permettre en privé ce qu'il ne peut faire en public

Il serait utile de proposer au Roi de Mezenas de s'arranger sur le trafic de banganaises, il en aura pour son harem. Elles sont dociles, je suis sûr que le commerce sera juteux pour le reste du continent par ailleurs. Je tiens tous les bordels de Largeville en sous main.

Par ailleurs j'ai des chimistes sous la main qui m'ont concocté un produit exceptionnel qui devrait vous intéresser. La poudre de défense. A base de défenses d'éléphants hachés. Renifler ça revient à être dans les nuages 2 jours de suite.

Se retournant vers son interlocuteur, il déplora à son tour la chute des jallanistes :

Dommage, j'aimais bien le président Tarque et les jallanistes. Mais à montrer trop ouvertement la force on récolte la colère. Prenez contact avec les nouvelles autorités. Je veux que vous soyez mes yeux et mes oreilles là bas. Etant frontalier, la Francovie revêt pour nous un intérêt stratégique fondamental. Notamment le commerce maritime qui doit être stabilisé au niveau du détroit du Bighal.
A propos de vos réseaux, je vous propose de les fédérer autour d'un cartel international destiné à avoir de l'influence sur les événements micromondiaux grâce à l'argent et au chantage.

Le Président Diakité exposait des idées interessantes.
Boneimar était de plus en plus interessé.



- Il est vrai qu'avec Ecomicro il est plus difficile de faire des transactions "discretes". C'est un défaut notable il faut le convenir. Cependant cela nous permettrait d'avoir accès aux marchés internationaux. Là dessus vous etes seul juge avec le peuple banganais.

Il écouta la proposition pour la BCS.

- Oui je pense que dans un premier temps par facilité il serait préférable de ne mettre en place que les grandes entreprises publiques dans EcoMicro si vous l'adoptez. Un monopole de la COBADIPP dans les MP, de la RHB pour les PE etc... La BCS pourrait aussi se developper. 

Il était surpris des propositions sur la drogue et les femmes et il salua la proposition présidentielle.

- Un cartel micromondial basé au Bangana serait une très bonne idée monsieur le Président. Les autorités fiscales des autres pays ne pourraient jamais remonter à la source sans collaboration du gouvernement banganais. 
J'apprécierais tester votre poudre de défense, je dois admettre ne pas connaitre.

Boneimar était émerveillé, ses affaires allaient flamber. 

- Nous sommes donc d'accord sur l'essentiel. Si vous n'avez rien d'autre à ajouter, vous pouvez disposer.
Le Lieutenant Alfred Brakassé est disponible pour faciliter vos affaires au besoin.

- C'est parfait.
Je vous remercie de votre accueil.
N'hesites pas à me livrer un carton de votre "produit".

Le franco-banganais s'en alla du palais tout en souriant. 

Boneimar était de retour au palais.
Il avait une nouvelle a annoncer au Président.

Monsieur le Président je tiens à vous apporter tout mon soutien contre ces terroristes totalitaires. N'hesitez pas à m'envoyer quelques un de vos prisonniers si vous le voulez ...

Je viens vous voir car j'aimerais comme convenu que vous me nommiez à la direction d'entreprise publique. Je suis disposé à prendre celles qui sont libres à votre seul et unique choix.
Par ailleurs quelques collègues de Francovie m'ont indiqué vouloir vous transmettre des invitations pour leur forum economique micromondial.



Apparemment ils ne savent pas trop qui inviter mais ce serait le moment d'envoyer un de vos fidèles qui serait capable d'aider à la formation de notre ... "entreprise" commune si vous vous rappelez de ce que je veux dire ... notamment ce qui concerne l'import et l'export de produit 100% banganais ...

Ah c'est pas ces fameux cocktails où les blancs s'empiffrent de tapas avec une coupe de champagne pour se partager des parts du grand gâteau des richesses micromondiales?
Je vous fais confiance Boneimar. Allez donc représenter le Bangana dans ce forum et suivez cette affaire pour moi. Vantez notre potentiel économique pour les éventuels investissements, dîtes qu'on a des zones franches et de bas salaires...
Je ferai passer un décret vous nommant émissaire spécial bientôt et transmettrait l'info à l'édition internationale de l'Echo du Plateau.

D'ici là, rendez vous à la préfecture récupérer un passeport diplomatique. Et la valise qui va avec, ça peut toujours servir mais attention, faîtes vous discret si vous avez une idée derrière la tête, il en va de notre crédibilité internationale vous comprenez.

Ah et... pour finir, ramenez moi une caisse de champagne et de vin du meilleur cru francovare. Ils sont doués pour ça paraît-il.

Boneimar était surpris mais accepta la nomination.
Il avait cependant une autre demande :

Et pour mon poste de directeur d'une entreprise publique ? Cela m'interesse je dois bien l'admettre ...