Devant Bombasha

Les tambours résonnent fort au nord de Bombasha! Les cris de guerre gutturaux se font aussi entendre! C'est tout une colonne de guerre qui arrive du Zambizar. Les problèmes d'intendance et de manque de marmite pour faire la tambouille sont terminés et les Zambizarois de Kataka N'Gulu Gulu, partis il y a presque deux semaines de Hutte-sur-Mer, sont finalement arrivés à Bombasha.

La troupe s'arrête à quelques encablures du bidonville Koussi bordant les quartiers nord de la capitale Banganais. Ces quartiers nord, où fréquemment des règlements de compte ont lieu entre mafias Balondaure et Keusslandaise. D'aucuns pensent que les Zambizarois vont attaquer, les Zèbrahus en tête de l'offensive pour mener la charge. Il n'en est rien, ils sont avant tout là pour faire le spectacle. Et effectivement, c'est un vrai spectacle, les Mimi M'Maty de Kataka N'Gulu Gulu entamant des chants de guerre, tandis que les cavaliers montés sur les Zèbrahus portent hauts les oriflammes tribaux du Zambizar qui avaient été cachés pendant les nombreuses années de la colonisation où ces symboles de rébellion étaient systématiquement détruits.

Leur démonstration terminée, les Zambizarois se remettent en route, à marche forcée. Les observateurs dans la capitale remarquent que la colonne fait un détour pour contourner la capitale, traversant le Banga à plusieurs kilomètres de Bombasha sur un gué bien connu. Ces mêmes observateurs commencent à craindre la manoeuvre de Kataka N'Gulu Gulu. S'ils procèdent ainsi, c'est qu'ils vont rejoindre des troupes Koussa. Si ce n'était pas le cas, il n'y aurait aucune raison d'avoir une telle stratégie.

Sur une plaine au sud de la capitale, les Zèbrahus s'alignent en rang serré, comme à la parade. C'est cette plaine qui a été choisie pour faire jonction avec les Koussa de Saladié et de Ogooué. Il n'y a plus qu'à les attendre.

Il est tôt ce lundi matin, et déjà les troupes koussa sont au seuil de Koussatown.
Ils préfèrent la jouer différemment : à l'artillerie lourde depuis les collines alentour.

Une pluie de vieilles cannettes transformées en obus artisanaux commence à tomber sur l'île Sinlouy, le Palais d'Ivoire, le parlement...

Puis, espérant que les batteries de défense ont été touchées, la division du sous-lieutenant Robert Mugué traverse le Banga à la nage.
Par chance, les Koussi pouilleux de Kataka dorment encore.

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Les Koussi dorment comme des enfants !
Quant aux gardes du Sénateur, ils sont beurrés au whisky et n'ont pas le temps de réagir.
Robert Mugué revient, à la nage toujours, avec 200 prisonniers !

L'Etat-Major retrouve son bar préféré à Kousstown, le Night Paradize, et attend la suite des événements. Houssé Saladié ne sait pas encore s'il va engager une deuxième unité...

Ah le fourbe Saladié avait dû avoir vent de ce que comptaient faire les Zambizarois. Ses troupes n'étaient pas venues au rendez-vous et avaient préféré opérer seules. Le plan du Grand Sorcierissime tombait à l'eau: lui qui comptait envoyer ses Zèbrahus charger des Koussa qui ne se douteraient de rien et se feraient balayer était bon pour trouver une nouvelle stratégie.

Et le Dudu qui ne répondait toujours pas à son offre.

"Givestin, Givestin!"

Le petit serviteur de Kataka N'Gulu Gulu arriva au trot.

- Oui Maître?
- Une réponse de Dudu?
- Non, toujours rien!

Que faire? Devait-il envoyer ses troupes contre les Ousskonais sans avoir de confirmation de Dudu? Ou devait-il retourner une nouvelle fois sa peau de léopard et se joindre à ceux qui voulaient détrôner Dudu?

Il se décida finalement à suivre le plan initial et d'attaquer Saladié. Un bon Koussa est un Koussa mort et il aimait l'odeur de la mort des Koussas de bon matin!

D'un signe de la main, il ordonna à ses Zèbrahus de s'aligner et de foncer vers Koussatown. Une charge furieuse! Une épopée légendaire! Voilà ce qu'il espérait en voyant la masse compacte de ses Zèbrahus charger les taudis de Koussatown qui tomberaient comme des fétus de paille sous la charge!

(Donc, oui, j'attaque Saladié pour ceux qui ne comprendraient pas ).

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La horde de Zèbrahus ne s'attendaient pas à cela! Ces foutus Koussa avaient construit leur bidonville, non pas en terre séchée moisie, mais bien en béton et métaux solides! La charge des Zèbrahus fut stoppée nette et c'est piteusement qu'ils commencèrent à se replier vers leur position initiale.

Qu'on donne la charge ! Bombasha ne tombera pas aux mains des sbires de Saladié !

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700 Koussa sont mis aux fers, dans la grande prison centrale non loin de la mine.

Pour l'instant, la partie semble gagnée. Je remercie les Koussi de N'Gulu, même s'ils ont été totalement inefficaces...

Mais il me semble qu'il reste encore quelques moyens aux rebelles... et l'on ne sait même pas ce qu'a prévu Ogooué.

Ouh là ! Ca castagne par ici là-bas didonc !

Moi je vais attendre que tout ça se décante, hein, et que le gagnant veuille bien donner des sous à la Fédération de Balopié !

Saladié avait tenté de joindre le chef du Kimavu par téléphone dans sa case de Ch'ui Caché mais la cohorte avait déjà pris les chemins de la gloire. Sébé arrivait enfin aux abords de Koussatown avec sa troupe munie de branches de bois d'acier prêt à fracasser toutes les têtes Koussi qui dépassaient.

Un vieillard le prit à partie l'insultant de tortue de lacs toujours en retard. Il lui conta l'affaire, pas un Koussi n'était parvenu à franchir ne serait-ce qu'un centimètre de ponts sur Bombasha. Sébé esquissa un sourire aux larges dents jaunâtres imaginant les Koussi embourbés dans leurs propres crottes de gazelles.

Sébé demanda alors au vieux où était passé Saladié. L'homme s'enfuit alors en courant, hurlant que près de 700 hommes avaient été capturés et mis dans les geôles du dictateur Dudu. V'la de gu mais qu'est ce que c'est que ce boooooodelllll ici.

Mes hommes en rang deux par deux main dans la main. Ce ne sont pas ces fumées noires des véhicules renversés qui nous empêcheront de faire de Bombasha une terre Koussi.

Saladié nous voilààààààààà

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L'unique Sébé contemplait le massacre causé par ses hommes.

- Chef, chef, où kon met les prisonniers ?
- Combien avons-nous capturés de maudits corrompus à la solde de Dudu?
- 500 chef!
- Koi ? 500! C'est plus qu'une victoire mes soldats. Prévenez Saladié que l'île Synlui est à notre portée !

(Sébé, tu es un Koussa, j'dis ça, j'dis rien ).

Ce fils de prostituée Balondaure de Dudu avait balayé tout seul les forces de Saladié, ce clone porcin. La gloire ne serait pas pour aujourd'hui pour les Zambizarois.

Kataka avait commencé à ordonner la retraite quand il aperçut que les forces Koussa semblaient avoir doublées. Les quelques centaines de blaireaux miteux et piteux qui fuyaient jusque là suite à la débâcle infligée par Dudu avaient été remplacées par les forces de l'autre demi-homme Koussa, l'infâme Ogooué, ce chacal végétalien!

Est-ce que la chance allait finalement sourire à Kataka N'Gulu Gulu?

"Meees braaaaaves gueeeerrieeeeeers!!

Le Grand Sachem n'a pas été tendre avec nous aujourd'hui! Nos Zèbrahus se sont heurtés à la masse informe de ces Koussa! Ces fils de serpent s'étaient cachés! Oui! Ils s'étaient cachés dans des trous comme les pustuleux rats qu'ils sont! Et c'est pour ça que notre première offensive fut un échec! Car soyez sûrs, mes braves guerriers, que nous ne pouvons perdre! Non, nous ne pouvons perdre, car je suis votre Seigneur et Maître, votre Bienveillant Gardien et le Grand Sorcierissime Koussi! JE NE PEUX PAS PERDRE!"

Les Zèbrahus étaient hors de combat. Il lui restait les Mimi M'Maty, ces braves Bygmées qu'il employait dans ses plantations de Snif Snif. S'il les envoyait se battre, il ne pourrait fournir la quantité suffisante de drogue pour la semaine. Mais, après tout, ces fidèles clients n'en seraient que plus demandeurs la semaine prochaine!


"MIMI M'MATY! ENTENDEZ-MOI! CHARGEZ ET MASSACREZ LES KOUSSA DE OGOOUEEEEE!"

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'Bataille' :

Résultat :

Les Mimi M'Maty, les seuls Bygmées nains du Bangana, firent des ravages. Petits comme ils étaient, ils passaient entre les jambes des Koussa et les faisaient tourner en bourrique. Comment tirer sur des êtres qui détalaient comme des lapins?

Petit à petit, les Bygmées rapportaient des prisonniers des forces de Ogooué et le faisaient à leur manière: ils plantaient solidement leurs dents taillés en pointe dans les mollets des prisonniers et tiraient les prisonniers jusqu'au camp de Kataka.

Kataka était aux anges:

"500 prisonniers?!? Bravo mes petits lutins! Meees guuueeeerrrrieeeers! Ce soir, il y aura de la viande au dîner!"

L'ambiance était montée rapidement, mais descendue aussi vite. En effet, on annonçait que les Zébrahus de N'Gulu avaient réussi à capturer 500 koussa du Kimavu.

Bienvenu Houssé Saladié demanda son expert-comptable et déploya une carte de la ville sur la table du Night Paradize.

"Bon... ça nous fait... voyons voyons... 700 prisonniers pour nous, 1200 pour Dudu allié avec ce crétin de N'Gulu Gulu. Mais ils ont épuisé toutes leurs munitions et potions magiques pour la semaine. Autrement dit, il faut y aller franco avec Sébé, ou alors lâcher maintenant l'affaire... c'est risqué... très risqué...
peut-être que la nuit porte conseil ?
Sébé ? Qu'en dis-tu ?"

Le soleil était déjà haut dans l'arbre du ciel.

Les combattants koussa sentaient que la partie tournait mal pour eux. Sébé Déconi ne donnait pas de nouvelles, et même s'il en donnait, il était déjà peut-être trop tard. Il aurait fallu une action d'éclat et sans la participation du stratège Robert Mugué, enfermé sur l'île Sinlouy, l'affaire semblait compromise.
"Libérez Mugué !" commençaient à crier les Koussa qui passaient à proximité du QG de campagne de Houssé Saladié. Mais les soldats koussa étaient nerveux et légèrement déprimés.

Louis-Philippe Mamboma, l'infirmier en chef, vint voir Sa Lieutenance et lui tint ses propos :

"Votre Lieutenance Houssé Saladié,
nos hommes sont fatigués et ils voudraient bien gagner un pécule en travaillant à la mine de Pétassium...

- Abruti, si nous gagnions, je les embauche à la CBC, ils gagneront deux fois plus !

- Oui mais M. Ogooué n'a pas...

- Tais-toi, Mamboma, et laisse-moi réfléchir...

Un drapeau blanc surgit soudain au-dessus de Koussatown, rapidement visible depuis Sinlouy et même Koussitown, si ce n'étaient les fumerolles de mazout habituelles au-dessus de ce bidonville infect.
C'est la paix ! Les hommes de Bienvenu-Houssé Saladié quittent la région et font route vers le sud, vers le confluent du Banga et du Fleuve Rouge, et donc vers la mine PETASSUD où ils iront travailler pour augmenter la richesse du peuple koussa.

Dudu a gagné cette fois-ci, mais Dudu n'a qu'à bien se tenir, car demain, le Sénateur devra affronter la colère des Koussa, chaque jour plus puissants et plus forts !

Sébé comptait ses hommes. Cinq cents d'entre eux manquaient à l'appel. Après un échange avec son messager, il fut averti du retrait des troupes de Saladié. Sébé ce grand Koussa toussa.

Bigre les temps sont durs à Bombasha, on ne peut plus récupérer la ville en faisant d'une pierre deux coups. Ces vils Koussi ont lâchement retourné leurs armes contre mes hommes. Je me vois contraint de me retirer au Kimavu pour y faire fructifier mes économies.

Sébé eut un dernier regard sur Bombasha d'où l'on pouvait entendre les cris des citadins épargnés.

Le commandant des troupes du Kimavu Forb'Oyare s'avança vers son chef et lui déclara :
Que Dudu ne se réjouisse pas trop, nous reviendrons Toujours plus grands, toujours plus gros, toujours plus Foooooooooorts ahahahahaahahaha

Alors que Ogooué s'apprêtait à plier bagage et à retourner la queue entre les jambes dans son bouge du Kimavu, arrive dans son camp une colonne de soldats désarmés. Il s'agit des soldats capturés par les Zambizarois de N'Gulu Gulu, dont l'un d'eux tend un message à Ogooué.

"Ogooué, pitoyable être monocellulaire,

Moi, Kataka N'Gulu Gulu, Grand Sorcierissime Koussi et Splendide Exterminateur des pitoyables troupes du vil Ogooué, ai décidé de faire preuve de clémence. Je te rends une partie de tes hommes et ce qu'il reste des autres.

Tu aurais tout de même dû t'agenouiller devant ma Toute-Puissance et tu n'aurais pas eu à subir mon courroux!".

De fait, il y a presque tous les hommes capturés par les Zambizarois. 494 pour être exact. Les restes des autres se composent de quatre jambes, une paire de bras et douze mains. Des parties jugées trop peu nobles pour être consommées.