Numéro spécial histoire : L'épopée de BrakasséPour ce numéro spécial Histoire, revenons dans le temps ! Nous allons nous intéresser à un personnage légendaire bien que méconnu, donnant lieu encore aujourd'hui à toutes les moqueries imaginables... mais qui connaît l'histoire véritable du chef Brakassé ?
Avant la colonisation, les Koussi, habitants des zones côtières marécageuses et inhospitalières, n'avaient pas encore bénéficié des richesses du commerce international. Les Koussa leur damaient régulièrement le pion au cours d'équipées punitives.
Malgré tout, le réseau de villages koussi était bien organisé et avait plusieurs fois résisté aux assauts des étrangers arrivant par la mer. A cette époque, le chef du clan de Zambizar, Tonton Brakassé, était considéré comme le plus puissant koussi. Il réussissait à fédérer tous les villages côtiers lors des incursions des pirates pryans, encore nombreux de ce côté du continent. C'est grâce à lui que le Bangana était considéré comme peuplé de guerriers farouches, et donc impossible à coloniser par les Grandes Puissances du Nord.
Lorsqu'il mourut d'une épidémie de phlémingite foudroyante, c'est son fils aîné, No'no Brakassé, qui dut reprendre le flambeau. Malgré l'avis défavorable des sorciers zambizars, qui le considéraient comme un simple d'esprit bon à rien, il s'installa sur le trône quelques jours plus tard.
Au cours d'une tempête, quelques mois plus tard, un simple pêcheur rançais échoua sur une plage koussi. Persuadé d'être condamné à la mort la plus atroce, il rassembla quelques bouts de bois pour tenter de se défendre et se fit le plus discret possible.
Mais un guetteur koussi le remarqua et en avisa Brakassé. Celui-ci décida de lever une armée de 50 000 hommes (à peu près tous les hommes koussi en état de se battre) pour impressionner l'envahisseur. Le recrutement fut difficile, puisque le Bokoudo était dans la saison des récoltes et que tous les hommes étaient aux champs.
Brakassé décida d'utiliser la force et monta une milice de recrutement chargée d'arracher les hommes à leurs récoltes et d'exécuter les réfractaires. Environ 10 000 hommes moururent dans l'opération. La récolte de l'année fut perdue.
Les autres se rendirent tant bien que mal sur la région côtière, et Brakassé ordonna d'encercler l'intrus (qui n'avait même pas remarqué l'agitation et commençait à se construire une cabane sur la plage). Persuadé qu'il était armé et hautement dangereux, Brakassé décida de construire un mur d'enceinte pour mieux l'observer et préparer l'assaut. Mais c'était la période des moustiques Kipiké, porteurs de la maladie des Marais. 20 000 hommes moururent pendant les 2 longs mois que durèrent ce chantier forcé.
Il restait encore 20 000 hommes, mais fatigués et affaiblis. Brakassé demanda à commander le mouvement des troupes lorsque l'heure de l'assaut fut venue, selon lui. Il organisa un grand contournement stratégique passant par le lit en crue du Petit-Banga, un fleuve côtier, qui nécessita la construction de 400 radeaux en bois précieux. Conçus par Brakassé en personne, qui croyait recevoir des instructions du Grand Requin Blanc pendant ses rêves, ils étaient trop légers et se brisèrent tous au moment de passer le fleuve.
Les 20 000 hommes restants furent tous emportés par les flots, y compris Brakassé lui-même.
La récolte perdue par la conscription forcée aboutit rapidement à une famine historique : 70% des Koussi moururent en deux mois.
Lorsque une escouade légère vint chercher le pêcheur naufragé quelques mois plus tard, ils furent surpris du calme inhabituel de la côte. L'information remonta vite, plusieurs autres bataillons d'éclaireurs s'enfoncèrent ensuite sans problème en amont du Banga, et les Puissances Colonisatrices furent rapidement au courant : il n'y avait plus personne en territoire koussi, sinon quelques vieillards faméliques et des enfants abandonnés. Les guerriers légendaires étaient introuvables, par la faute de Brakassé.
En quelques mois, la Colonisation fut pliée et la Puissance Occupante fonda officiellement les deux départements de Côte-de-Fer et Côte-d'Email. L'histoire du Bangana était changée à jamais.
Depuis, le nom de Brakassé évoque cet épisode catastrophique, et constitue une insulte classique, en politique comme en sport...